Impact sur le réchauffement climatique

Selon la plupart des rapports, la déforestation dans les forêts tropicales humides ajoute plus de dioxyde de carbone à l’atmosphère que la somme totale des voitures et des camions sur les routes du monde. Selon le World Carfree Network (WCN), ceux-ci représentent environ 14% des émissions mondiales de carbone, tandis que la plupart des analystes attribuent jusqu’à 15% à la déforestation.

Lorsque nous défrichons des forêts, nous ne faisons pas qu’éliminer notre meilleur allié pour capturer la quantité stupéfiante de dioxyde de carbone que nous créons (ce que nous faisons principalement en brûlant des combustibles fossiles dans les installations énergétiques, et bien sûr, dans les voitures, les avions et les trains). Nous créons également des émissions en abattant des arbres : lorsque les arbres sont abattus, ils libèrent le carbone qu’ils stockent dans l’atmosphère, où il se mêle aux gaz à effet de serre provenant d’autres sources de pollution, contribuant ainsi au réchauffement climatique. De fait, nous devrions faire autant pour prévenir la déforestation que pour augmenter l’efficacité énergétique et réduire l’utilisation de l’automobile. Ce qui est loin d’être le cas.

Un cercle vicieux infernal

Sachant que la déforestation nous prive d’une arme cruciale dans la lutte contre le changement climatique (en savoir plus), en plus de créer de nouvelles émissions, pourquoi voudrait-on abattre une forêt ?

Eh bien, la principale raison est l’agriculture.

L’explosion démographique mondiale a rendu rentable pour les grandes entreprises de raser les forêts afin de pouvoir y planter des méga cultures de soja ou de palmier à huile. Dans le même temps, à une échelle beaucoup plus petite, les agriculteurs de subsistance défrichent souvent les arbres afin de pouvoir planter des cultures pour nourrir leur famille et rapporter de petites quantités d’argent.

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Ils existent néanmoins une incohérence tragique, presque ironique, à défricher les forêts tropicales pour l’agriculture : leurs sols sous-jacents sont extrêmement pauvres. Toute la richesse nutritive étant enfermée dans les forêts elles-mêmes. Une fois qu’elles sont brûlées et que les nutriments de leurs cendres sont épuisés, les agriculteurs se retrouvent avec un sol totalement inutile. Ils continuent donc vers la prochaine parcelle de forêt : raser, planter, épuiser, répéter. Au total, l’agriculture est responsable d’au moins 80% de la déforestation tropicale.

Au bout du compte, la déforestation a un triple effet négatif sur le réchauffement climatique :

  • Nous perdons un allié crucial pour empêcher l’excès de carbone de l’atmosphère (et donc ralentir le réchauffement climatique),
  • Encore plus d’émissions sont créées lorsque les arbres abattus libèrent le carbone qu’ils stockaient et pourrissent ou brûlent sur le sol de la forêt,
  • Ce qui remplace le plus souvent la forêt, le bétail, génère des quantités massives de gaz à effet de serre.

Préserver pour limiter

Selon l’Environmental Defence Fund (EDF), un groupe de protection pour l’environnement, 32 millions d’acres de forêt tropicale humide ont été coupées chaque année entre 2000 et 2009 – et le rythme de la déforestation ne fait qu’augmenter. D’après eux, si nous ne modifions pas le système actuel qui récompense la destruction des forêts, le déboisement mettra encore 200 milliards de tonnes de carbone dans l’atmosphère dans les prochaines décennies.

« Tout plan réaliste visant à réduire suffisamment et à temps la pollution du réchauffement climatique pour éviter des conséquences dangereuses doit reposer en partie sur la préservation des forêts tropicales », rapporte EDF.

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Mais il est difficile de convaincre les pays du bassin amazonien et des autres régions tropicales du monde d’arrêter d’abattre des arbres alors que les forêts sont bien plus rentables abattues qu’entretenues. La conservation coûte de l’argent, tandis que les bénéfices du bois, du charbon, des pâturages et des terres cultivées poussent les populations à abattre les forêts.

Certains pays tropicaux réduisent la déforestation en participant au programme de Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts (REDD) des Nations Unies. REDD s’efforce essentiellement de mettre en place des incitations pour que les personnes qui prennent soin de la forêt la gèrent durablement tout en étant en mesure d’en bénéficier économiquement.

Par exemple, utiliser moins de terres (et donc couper moins d’arbres) pour des activités telles que la culture du café et la production de viande et de lait. Les pays participants peuvent alors accumuler et vendre des crédits de pollution au carbone lorsqu’ils peuvent prouver qu’ils ont abaissé la déforestation en dessous d’une ligne de base. Le programme REDD a canalisé plus de 117 millions de dollars d’aide financière directe et de soutien éducatif dans les efforts nationaux de réduction de la déforestation dans 44 pays en développement en Afrique, en Asie et en Amérique Latine depuis sa création en 2008.