Fertilité des sols

Beaucoup de gens entrevoient le concept de dégradation du sol mais bon nombre ne connaissent pas sa définition précise. Simplement, elle signifie la baisse de la qualité des sols due à des aspects tels que la surexploitation ou la suroccupation des terres, à des fins urbaines ou industrielles. Elle implique le déclin de l’état physique, biologique et chimique du sol.

La dégradation des sols ne se limite malheureusement pas à la perte de la fertilité. Elle englobe également les changements défavorables d’alcalinité, d’acidité ou de salinité, les inondations extrêmes, l’utilisation de polluants toxiques du sol, l’érosion et la détérioration de l’état structural du sol. Tous ces éléments contribuent chaque année à une importante dépréciation de la qualité du sol, dont les conséquences immédiates ou à moyen terme ont un impact très négatif sur l’environnement.

Bien que la dégradation des sols puisse se produire naturellement, elle a été fortement exacerbée par les activités humaines. En outre, le changement climatique combiné aux activités humaines continue d’aggraver cette dégradation.

La surexploitation des sols

L’exploitation hasardeuse, parfois irresponsable, des terres menace à la fois la sécurité alimentaire, la biodiversité, le climat et la stabilité des sociétés, par la dégradation des sols et la déforestation massive qu’elle produit.

De nombreuses études dénoncent l’énorme part de responsabilité de la déforestation et notamment de l’élevage dans ces processus, et mettent en évidence l’enjeu écologique majeur que représente la préservation des terres sur la planète.

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Dans le but d’absorber l’expansion humaine toujours plus grande, de construire nos villes et de produire notre alimentation, nous occupons une partie de plus en plus grande de la surface terrestre. Autant de terres prises sur les espaces naturels, bétonnées, surexploitées et polluées, et les sols qui se dégradent sous l’effet de la déforestation, combinée aux pratiques agricoles intensives qui appauvrissent les sols, à l’urbanisation qui imperméabilise les terres, ou encore au changement climatique qui contribue à assécher des terres déjà arides.

Des cris d’alerte multiples

La première étude exhaustive mondiale sur l’état des terres, menée par une centaine d’experts de 45 pays et approuvée en mars 2018 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), décrit la situation du phénomène global de dégradation des sols et de leur couvert végétal très alarmante. Un signal avait déjà été lancé en 2017 par le Secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), appuyant le fait qu’un tiers de la planète est sévèrement dégradé et que l’on assiste à une perte des sols fertiles.

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Aujourd’hui, moins d’un quart de la surface de la Terre échappe encore aux impacts de l’activité humaine. D’ici à 2050, les experts de l’IPBES estiment que ce chiffre sera tombé à moins de 10%. Autrement dit, 90% de la surface de notre planète seront bientôt investis par les activités humaines.

Un impact direct sur l’environnement et le bien-être humain

Les sols dégradés perdent leurs nutriments et leur capacité à produire, à absorber et filtrer l’eau, à abriter la biodiversité et à capter le carbone atmosphérique. Ceci se traduit par des pertes de rendement agricole, des sécheresses, des incendies, des inondations et une accentuation du réchauffement climatique.

Charred trees remain after illegal deforesters have burned a section of Menabe forest, one of Madagascar’s last remnants of dry forest on the Western coast of Madagascar. 

The forest is home to a host of endemic and endangered species including the giant jumping rat and madame berth’s lemur. However, the forest is coming under increasing pressure slash and burn agriculture. Approximately 50 hectares of forest a day is destroyed and it’s estimated that the entire forest could disappear in less than 6 years. 

With support from the Global Environment Facility, local forest rangers are being on how to use Global Forest Watch’s mobile application. This innovative application uses satellite data to monitors forest loss in real time, enabling a more targeted patrolling of the Menabe forest and providing a lifeline for Menabe and its endangered species.

Entre 2000 et 2009, la dégradation des sols peut ainsi être rendue responsable de l’émission de 3,6 à 4,4 milliards de tonnes de CO2 par an ; cela représente environ 10% des émissions mondiales actuelles de CO2. Le rapport souligne que sans intervention urgente, ce sont 36 gigatonnes de carbone provenant des sols – en particulier en Afrique subsaharienne – qui seront relâchés dans l’atmosphère, soit l’équivalent de vingt années des émissions mondiales du transport !

La dégradation des terres affecte le bien-être des deux cinquièmes de l’humanité, soit au moins 3,2 milliards de personnes. Elle est un facteur de migration humaine massive et de conflits accrus. En effet, lorsque l’accès aux ressources, notamment aux terres arables, est compromis, cela entraîne des situations de concurrence et donc des hostilités qui donnent souvent lieu à des conflits armés.

Changer les modes de production

D’après les rapports de l’IPBES et de l’UNCCD, le problème continuera de s’accentuer si on ne met pas un frein à la consommation de viande et au gaspillage alimentaire, en plus d’une meilleure gestion des terres et d’une amélioration des pratiques agricoles. Le rapport de l’IPBES mentionne également des mesures possibles de restauration de terres, ainsi que des pratiques permettant d’enrayer la pression exercée par l’élevage sur les terres. Cependant, aucune mesure ne sera aussi efficace que le simple fait de limiter cette pression en réduisant significativement la part de protéines animales de notre alimentation, surtout dans un contexte d’accroissement de la population mondiale.